Sirtei Burekas ("films Bourekas")
- My Old New Land
- 27 mai
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Les Bourekas Films (en hébreu : סרטי בורקס) forment un genre cinématographique typiquement israélien, apparu et popularisé entre les années 1960 et 1970.
C’est le réalisateur Boaz Davidson qui aurait forgé ce terme, en clin d’œil aux célèbres Spaghetti Westerns italiens. Le nom renvoie à un mets emblématique de la cuisine juive séfarade, le bourekas, devenu incontournable dans la culture culinaire israélienne. Par extension, ces films mettent en scène des aspects profonds de l’identité israélienne.
Ce genre se caractérise par des comédies mélodramatiques, souvent burlesques, illustrant les tensions culturelles et les difficultés du quotidien dans une société en construction. Au cœur de ces intrigues : les clivages entre Juifs mizrahim (originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord) et les élites ashkénazes (venues d’Europe).
Les films Bourekas abordent avec humour et exagération les différences ethniques et sociales, tout en laissant transparaître les bouleversements politiques et culturels que connaîtra Israël dans les décennies suivantes.
Les personnages mizrahim y sont fréquemment au centre de l’action. Malins, combatifs et hauts en couleur, ils sont aussi victimes de discriminations ou de mépris de classe. Leurs accents orientaux marqués, leurs répliques osées et leur langage familier en faisaient des figures comiques et attachantes, qui finissaient toujours par triompher du système. En contrepoint, les personnages ashkénazes incarnaient la froideur, la richesse… et l’ennui. Ce contraste appuyé soulignait les fractures sociales de l’époque.
Malgré les stéréotypes outranciers, ces films ont su rassembler le public, notamment grâce à des fins optimistes et rassembleuses, souvent symbolisées par des mariages interethniques, promesse d’unité et de réconciliation.
Adulés par le grand public, les films Bourekas ont pourtant été sévèrement critiqués par les élites culturelles. Jugés caricaturaux, simplistes et déconnectés des exigences artistiques du cinéma européen, ils étaient considérés comme de simples divertissements populaires, parfois perçus comme un frein à la réflexion.
Pourtant, leur immense popularité reflète l’appétit de la société israélienne pour une évasion légère et une volonté de rire de ses disgrâces, en plus de célébrer sa culture et ses traditions orientales.
Quelques classiques incontournables:
Givat Halfon Eina Ona (1976) réalisé par Assi Dayan (extrait Youtube)
Kazablan (1973), par Menahem Golan - lien vers l'article dedié.
Hagiga BaSnuker (1975), Boaz Davidson (extrait Youtube)
Sallah Shabbati (1964), d'Efraim Kishon, premier film israélien nommé aux Oscars, avec Chaim Topol (extrait Youtube)
Alex Hole Ahava (1986), Boaz Davidson (extrait Youtube)
Charlie ve’hetzi (1974), Boaz Davidson (extract ci-dessous)
Dans les années 1990, ces films connaissent un regain de popularité, devenant de véritables œuvres cultes. Aujourd’hui encore, ils évoquent avec nostalgie une période fondatrice de la cinématographie israélienne.
Leur héritage apprend au public israélien à rire de lui-même et à accepter, aussi imparfaite soit-elle, sa culture diversifiée.
Article rédigé avec la collaboration de Naomi Marchese, monteuse vidéo et spécialiste du cinéma.
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