Mapaï - Mifleget Poalei Eretz Israël
- My Old New Land
- 19 juin
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Parti des travailleurs de la Terre d'Israël
Fondé en 1930, le parti Mapai est né de la fusion de deux partis : Akhdut HaAvoda et HaPoel HaTzair.
Cette union à gauche n’était pas complète, car le Hashomer Hatzair et Poalei Zion Smol (gauche) n’y ont pas été intégrés.
Pendant toute son existence, Mapai fut le parti le plus influent et le plus puissant sur l’échiquier politique. Sous le mandat britannique, il contrôlait les principales institutions, les congrès sionistes et la fédération syndicale Histadrout.
L’Histadrout, fondée en 1920 par des partis socialistes, a mis en place au cours de sa première décennie des structures économiques et administratives. Elle est rapidement devenue une sorte d’"État dans l’État" sous l’autorité britannique. Elle a créé la Banque Hapoalim (sous l’impulsion de Berl Katznelson), une compagnie d’assurances, une entreprise agricole et des coopératives. Elle possédait également son propre journal (Davar), un théâtre, un mouvement de jeunesse et une organisation sportive. Elle a fondé des institutions majeures comme Solel Boneh, HaMashbir (chaîne de magasins), la Caisse générale d’assurance maladie et les maisons de retraite Mishaan.
Pendant la période du Yishouv, les figures dominantes de Mapai étaient David Ben-Gourion, Berl Katznelson et Haïm Arlosoroff.
Mapai a également construit sa puissance militaire. Ses membres dirigeaient la Haganah et organisaient le recrutement pour la Brigade juive selon des quotas.
Sous la direction de Ben-Gourion, Mapai s’est préparé durant près d’une décennie à la création de l’État. De la décision de combattre le mandat britannique à l’acceptation du plan de partage, en passant par la préparation à la guerre d’indépendance, le parti s’est comporté comme une formation dirigeante.
Chaque étape fut marquée par des débats internes intenses. Chaim Weizmann, proche des Britanniques, s’opposait farouchement à la lutte contre le mandat. Des clivages apparaissaient entre partisans du Grand Israël, défenseurs d’un État binational, et opposants à l’indépendance.
À l’approche de la fin du mandat britannique, Mapai s’est imposé comme force dominante. Dans le "Conseil du Peuple", précurseur de la Knesset, le parti détenait la majorité. Dans "l’Administration du Peuple", il comptait quatre membres sur treize.
À la veille de la déclaration d’indépendance, des doutes persistaient au sein de Mapai et de l’Administration du Peuple quant à la viabilité de cette décision et aux risques de rejet international. Les menaces d’invasion arabe et le soutien hésitant des États-Unis conduisirent plusieurs dirigeants à s’opposer à une déclaration immédiate. Mais le 11 mai 1948, le comité central de Mapai approuva la position de Ben-Gourion. Le vote final fut favorable à l’indépendance, par six voix contre quatre.
Après la fondation de l’État d’Israël, Mapai occupa une position centrale à la Knesset, au gouvernement, dans les autorités locales et dans de nombreuses institutions.
Le défi principal de Ben-Gourion et de Mapai fut la transition d’un mouvement volontaire d'implantation à un État structuré. Imposer des institutions officielles et convaincre la population fut complexe.
En son sein, des voix plus à gauche se faisaient entendre, notamment celles issues d’Akhdut HaAvoda, qui avait conservé une structure propre. Ces membres ont rejoint Poalei Zion Smol et le Hashomer Hatzaïr pour fonder un autre parti : MAPAM (Mifleget HaPoalim HaMeuhedet, soit le "Parti des travailleurs unis")
Lors des premières élections de janvier 1949, Mapai obtint 46 sièges, contre 19 pour Mapam, 14 pour Herut (droite) et 16 pour le Front religieux uni. Ben-Gourion prit une décision stratégique : il forma une coalition appuyée par des partis religieux et libéraux.
Le nouveau gouvernement fut chargé de missions cruciales : mettre fin à la guerre tout en conservant les acquis, absorber des centaines de milliers d’immigrants – rescapés de la Shoah et Juifs des pays arabes – et bâtir les institutions étatiques.
Dans les premières années, des décisions majeures furent prises : accords de réparations, politiques économiques, immigration massive, construction d’une armée. Mapai joua un rôle central. Il mena également une campagne efficace contre le parti Herut de Menahem Begin.
Les bases électorales de Mapai comprenaient l’Histadrout, les mouvements coopératifs (moshavim) et collectivistes (kibboutzim).
Quatre Premiers ministres israéliens - David Ben-Gourion, Moshe Sharett, Levi Eshkol et Golda Meir - étaient issus de Mapai.
En matière de sécurité, Mapai adopta une approche pragmatique, différente de celle de ses homologues européens, en raison des enjeux spécifiques d’Israël. Cela facilita ses coalitions avec des partis de droite. Sur la question religieuse, Mapai prônait le maintien du statu quo : intégration des populations religieuses sans instaurer une théocratie fondée sur la Halakha.
En décembre 1953, Ben-Gourion annonça sa démission pour s’installer au kibboutz Sde Boker, dans le Néguev. Ce geste visait à encourager la colonisation de cette région, mais il fut aussi perçu comme une manœuvre calculée pour démontrer que le pays ne pouvait se passer de lui. Moshe Sharett le remplaça.
Après près de deux ans d’absence, Ben-Gourion revint au pouvoir en 1955, jusqu’en 1963.
Lors des élections de juillet 1955, il mena la liste de Mapai avec un programme centré sur l’intégration des olim, la sécurité économique, la colonisation des zones vides, le développement agricole, le respect des accords d’armistice, la fin des camps de transit et l’indépendance de l’Histadrout.
Son retour fut sans opposition : aucune figure, à droite ou à gauche, ne remettait en cause son autorité. Begin n’était pas perçu comme un chef crédible, et des jeunes comme Yigal Allon étaient encore considérés comme inexpérimentés.
Ces années furent marquées par des succès : l’usine textile de Dimona vit le jour (petite référence à avoir ;) ), la situation économique s’améliora, et Mapai progressa à chaque scrutin. En novembre 1959, le parti atteignit 47 sièges à la Knesset. Le slogan "Hagidou Ken LaZaken"("Dites oui au vieux") reflétait stabilité et confiance économique.
En 1961, Ben-Gourion annonça à nouveau sa démission, invoquant des "affaires honteuses". Il se jugeait incapable de gouverner comme auparavant. En 1963, il se retira définitivement et recommanda Levi Eshkol comme successeur.
En février 1965, une conférence de Mapai se réunit pour débattre d’une union avec Akhdut Haavoda et de la création d’une commission d’enquête judiciaire. Il apparut clairement que les partisans de Ben-Gourion étaient minoritaires face au camp d’Eshkol.
En juin 1965, Ben-Gourion quitta Mapai et fonda la Liste des Ouvriers d’Israël (RAFI), rejoint par ses fidèles : Shimon Peres, Moshe Dayan, Teddy Kollek, Yitzhak Navon et Yosef Almogi.
Lors des élections de novembre 1965, RAFI fut marginalisé avec seulement 10 sièges, contre 45 pour la liste unifiée Mapai–Ahdut Haavoda.
En décembre 1967, les membres de RAFI décidèrent de fusionner avec Mapai et Akhdut Haavoda au sein du "Ma’arach" (l’Alignement) pour former un parti unique : le Parti Travailliste (HaAvoda).
L’union officielle eut lieu en 1968, et Golda Meir fut nommée secrétaire générale du parti.
Mapai mit ainsi fin à son règne en tant que parti unique dirigeant.
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