Menachem Begin
- Yisrael Medad
- 17 juin
- 4 min de lecture
1913 - 1992.
Menachem Begin était un commandant clandestin, un chef de l’opposition et le sixième Premier ministre d’Israël.

En tant que l’un des dirigeants juifs les plus remarquables du XXe siècle, sa vie a suivi la trajectoire des épreuves et des succès du peuple juif dans son exil et son retour à Sion.
Né en 1913 à Brest (Brisk), alors en Russie, plus tard en Pologne et aujourd’hui en Biélorussie, il grandit dans une famille juive traditionnelle ouverte sur le monde autour d'elle. Son père, Ze'ev Dov, était secrétaire de la communauté juive locale. Sa mère, femme au foyer, éleva leurs trois enfants : Menachem, un frère disparu pendant la Shoah, et une sœur réfugiée en Ouzbékistan. Sa mère fut assassinée par les nazis à l’hôpital, et son père noyé dans la rivière Boug, des pierres attachées à son coup.
Dès son jeune âge, Begin s’engagea dans le sionisme. Après un passage par le mouvement socialiste HaShomer Hatzaïr, il rejoignit Betar peu après sa Bar Mitzvah. Un an plus tard, il rencontra Ze'ev Jabotinsky, le chef du sionisme révisionniste. Parallèlement à ses études de droit à Varsovie, Begin devint un cadre influent de Betar. En 1939, il fut nommé chef du mouvement en Pologne, fort de dizaines de milliers de membres.
Selon le journaliste Eli Lake, l’un des piliers de la pensée de Betar qui façonna Begin fut le concept de hadar, un mot hébreu signifiant dignité, honneur et respect de soi. Les Juifs ne devaient plus être spectateurs passifs de leur propre humiliation ; le "Juif nouveau" devait être fier et riposter.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Menachem et sa femme, Aliza, s'enfuirent vers l'est, à Vilnius, mais un an plus tard, il fut arrêté par le régime soviétique. Accusé d’activités contre-révolutionnaires en tant que sioniste, il passa un an en détention, notamment au goulag de Pechora. Libéré après l’invasion allemande de l’URSS, il rejoignit l’Armée d’Anders (forces polonaises) et, avec ses troupes, arriva en Terre d’Israël sous mandat britannique en avril 1942, retrouvant sa femme.
En décembre 1943, Begin fut nommé commandant de l’Irgun, groupe clandestin armé opposé aux Britanniques. Pendant plus de quatre ans, il mena la lutte tout en vivant dans la clandestinité, changeant fréquemment d’identité car pourchasé par les forces du Mandat Britannique. Sa stratégie, selon le professeur David Charters, visait à affaiblir simultanément la domination britannique en Palestine et à promouvoir l’image ainsi que le message de l’Irgoun. Chaque opération portait un coup supplémentaire au prestige britannique, tout en renforçant la réputation de l’Irgoun.
Suite à la campagne de résistance armée, renforcée par les actions de la résistance du Lechi et du Palmach, ainsi que par l'immigration clandestine par bateaux, les Britanniques se tournèrent vers l'ONU pour se décharger de la responsabilité du Mandat. Des opérations telles que l'attentat à la bombe contre l'hôtel King David (le 22 juillet 1946), l'évasion de la prison d'Acre, la pendaison de deux sergents britanniques et les attaques contre des camps militaires et des postes de police, entre autres, rendirent la gouvernance du régime britannique impossible.
Avec la création de l'État d'Israël, l'incident du navire Altalena en juin 1948 faillit compromettre la stabilité du nouveau gouvernement : David Ben Gourion renia un accord sur la distribution d'armes conclu avec l'Irgoun, mais Begin ordonna à ses hommes de ne pas s'engager dans des troubles civils. Il dirigea le Herut, principal parti d'opposition à l'hégémonie du Mapaï. En 1967, à la veille de la guerre des Six Jours, il rejoignit une coalition d'unité nationale, mettant fin à son ostracisme. Il resta ministre jusqu'en 1970, date à laquelle il démissionna après que le gouvernement eut accepté un compromis avec l'Égypte, acceptant le plan Rodgers.
Finalement, en 1977, le nouveau bloc politique dirigé par Begin, le Likoud, remporta la majorité des sièges à la Knesset et forma un gouvernement. Begin fut Premier ministre jusqu'à sa démission à l'automne 1983. Durant cette periode il occupra d'autres postes ministériels
Parmi ses accomplissements, on compte le bombardement du réacteur nucléaire irakien, le Projet Renouveau pour la réhabilitation des quartiers défavorisés, un traité de paix avec l'Égypte qui lui a valu le prix Nobel de la paix, des réformes dans le domaine intérieur, la suppression des frais de scolarité dans l'enseignement secondaire et, entre autres, l'introduction d'un système national de soutien au revenu. Une tendance s'est amorcée qui a poussé Israël vers une économie plus capitaliste.
Après un an de guerre au Liban et le décès de son épouse, Begin se retira de la vie politique en septembre 1983. Il vécut ensuite dans une réclusion jusqu’à sa mort en mars 1992.
Il reste dans les mémoires comme un homme d’État profondément "juif", intègre, défenseur inflexible de la sécurité d’Israël, respectueux des traditions juives comme des droits civils des minorités.
Lectures recommandées :
Menachem Begin, "La révolte"
Menachem Begin, "Nuits blanches"
Daniel Gordis, Menachem Begin: "The Battle for Israel's Soul"
Yehuda Avner, "The Prime Ministers"
Harry Hurwitz and Yisrael Medad, "Peace in the Making: the Begin-Sadat Correspondence"
Article rédigé par Yisrael Medad,
Journaliste israélien et ancien directeur des programmes éducatifs au Centre du patrimoine Menachem Begin, Jérusalem.
Blog personnel : myrightword.blogspot.com
Commentaires