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Moshé David Shuv

1854 - 1938.


Moshe David Shuv, rabbin orthodoxe et proto-sioniste, fut l’un des fondateurs de la ville de Rosh Pinna. Voici le récit inspirant de son parcours.


Moshé David Shuv
David Shuv, source: Wikipedia. Domaine publique.

Au port de Beyrouth, Shuv et son épouse débarquent après un voyage éprouvant depuis Buhuși (en Roumanie) en direction de Tzfat. Leur bébé, tombé malade à bord entre Constantinople et Beyrouth, est décédé peu avant l'accostage. Redoutant que les soldats ottomans ne les empêchent d'entrer en terre sainte, Shuv supplie sa femme de dissimuler leur perte et de faire semblant d’allaiter leur enfant. Les soldats les laissèrent passer, inconscients de la douleur profonde dissimulée sous les apparences.


L’histoire de Shuv incarne l’esprit de Rosh Pinna, illustrant avec force ces débuts difficiles, un témoignage de la détermination inébranlable qu’il insufflera plus tard à la communauté.


Dans ses mémoires Souvenirs de la maison de David, il écrit :


"Le navire jeta l’ancre sur la côte de Beyrouth pour y déposer quelques familles. La mienne en faisait partie. En route, entre Constantinople et Beyrouth, ma jeune fille tomba malade à bord, et avant même que le navire n’atteigne Beyrouth, elle rendit l’âme. Tous les passagers me dirent n’avoir jamais vu une enfant aussi belle et vive ; elle était admirée et louée par tous. Ils disaient qu’elle était morte à cause du mauvais œil. Mais tous redoutaient que les autorités ne placent les passagers du navire en quarantaine, les forçant à rester à Beyrouth pour une durée indéterminée. C’est pourquoi ils supplièrent ma femme de dissimuler autant que possible la mort de l’enfant, de refouler son chagrin et de porter la petite morte dans ses bras comme si elle était encore en vie, afin que les gardes à terre ne s’en aperçoivent pas. Il est aisé d’imaginer combien ma pauvre épouse et ma vieille mère souffrirent : en plus de leur douleur et de leur peine, elles durent retenir leurs larmes pour le bien des autres passagers. Ainsi, la malheureuse mère porta son enfant morte jusqu’à l’intérieur de la ville, où on l’emmena ensuite pour l’inhumer. Ce fut là mon premier sacrifice à l’arrivée de ma famille." (version originale dans l'article en anglais)

En 1882, Shuv arriva non seulement avec sa famille et sa communauté, mais aussi avec une vision. Le navire "Thetis" ne transportait pas que des passagers, mais aussi les germes d’un avenir nouveau. Leur destination finale était Geï Oni, au pied de Tzfat, un lieu ravagé par le désespoir et l’abandon, mais en quête d’une seconde chance de renaissance. Ils le rebaptisent Rosh Pinna, la pierre d'angle, en référence au psaume 118 :


"La pierre que les bâtisseurs ont rejetée est devenue la pierre d'angle."

Geï Oni fut fondée en 1878, soit quatre ans avant l’arrivée de Shuv. Les premiers habitants étaient descendus de Tzfat vers les contreforts dominant la vallée de la Houla. Ils aspiraient désespérément à un changement : passer de la dépendance aux fonds de charité (plus de détails ici) à un mode de vie fondé sur le travail de la terre, ses fruits et leurs propres efforts.


Cependant, en raison de la sécheresse, de la faim, des maladies, du manque d’expérience et de ressources financières, ils furent rapidement confrontés à de grandes difficultés, les contraignant à abandonner Geï Oni et à retourner à Tzfat dans la honte. Mais malgré tous les obstacles, trois familles, Friedman, Kellar et Schwartz, restèrent sur place, et leurs descendants y vivent encore aujourd’hui, vivant de la terre et de ses fruits.


Des années plus tard, l’héritage de Moshe David Shuv résonne encore à Rosh Pinna, notamment le long de la route historique qui porte son nom, la rue David Shuv. Cette voie, qui reste le principal lien vers Tzfat malgré l’existence d’une autoroute moderne, conserve toute son importance, à l’image du rôle central que Shuv a joué dans la fondation de Rosh Pinna.


L’influence de Shuv dépasse les limites de Rosh Pinna et a également marqué le système éducatif israélien. En 1886, le baron Rothschild le nomma directeur de l’école de Rosh Pinna, marquant ainsi la création de la première école hébraïque de la région.


Il introduisit une méthode d’enseignement révolutionnaire : enseigner "l’hébreu en hébreu", malgré de nombreuses difficultés et controverses.


Moshe David Shuv n’était pas seulement un pionnier et un leader, mais aussi un rabbin orthodoxe et un proto-sioniste.


Sa vision, comme celle d’autres figures de sa génération, est née d’une longue histoire d’exil, de persécutions et de pogroms, mais aussi inspirée par la montée des nationalismes. Shuv, à l’instar de nombreux contemporains, rompant avec plus d’un millénaire de vie juive en exil, ne voulait pas attendre un miracle. Il voulait agir, "frapper le rocher" comme Moïse dans le désert, et revenir avec son peuple sur la terre de ses ancêtres, concrétisant ainsi le rêve millénaire du retour à Sion.


Aujourd’hui, la rue David Shuv à Rosh Pinna est un témoignage vivant de cet esprit. Cette voie historique, animée de vie, relie encore Rosh Pinna à Tzfat et aux localités voisines, faisant écho aux pas d’un leader dont le parcours, de la tragédie au triomphe, a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire d’Israël.


Le 23 Adar 5698 (1938), Shuv s’éteint à Jérusalem, laissant derrière lui un profond héritage de dévouement à la terre et au peuple d’Israël. Il fut inhumé à Rosh Pinna.


Aujourd’hui, cent quarante-deux ans plus tard, Rosh Pinna est une communauté prospère de plus de 3 000 habitants, un centre pour les localités environnantes, riche en restaurants, boutiques, galeries, cafés et bien plus encore.


Plus d’informations sur la période du Yishouv sont disponibles à ce lien.


Article écrit par Yehuda Folberg

Guide Touristique en Galilée et Israël

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