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La parabole du chariot plein et du chariot vide

En hébreu: Meshel Haagala hameleah veHaagala hareikah

La parabole de la charrette pleine et de la charrette vide est le nom donné à une réflexion célèbre du ‘Hazon Ich (Rav Avraham Yeshaya Karelitz) adressée à David Ben-Gourion. Elle visait à illustrer la relation idéale que devraient entretenir les Juifs laïcs et religieux dans l’État d’Israël.


Le 20 octobre 1952, lors des négociations de coalition en vue de la formation du quatrième gouvernement israélien, Ben-Gourion se rendit chez le ‘Hazon Ich à Bnei Brak.


D’après Yitzhak Navon, alors secrétaire particulier de Ben-Gourion (et futur président de l’État d’Israël), c’est le Premier ministre lui-même qui avait demandé cette rencontre. Il avait compris que le Rav était une figure centrale d’influence auprès des députés religieux et de leur électorat. Intrigué par l'autorité spirituelle qu'il exerçait sur les fidèles, Ben-Gourion souhaitait s’entretenir avec lui.


L’objet de la visite était une discussion de fond sur la possibilité d’une coexistence harmonieuse entre Juifs religieux et non religieux dans l’État naissant. Il ne s’agissait pas de débattre de sujets politiques concrets, ni de la polémique sur l’enrôlement des jeunes filles dans l’armée.


Selon le récit de Navon, Ben-Gourion demanda :

"Je suis venu vous parler d’un seul sujet : comment des Juifs religieux et non religieux peuvent-ils vivre ensemble dans ce pays sans imploser ? Des Juifs arrivent ici par centaines de milliers, de cultures et de traditions différentes. L’État est menacé de l’extérieur, les Arabes veulent encore nous détruire, et nous devons trouver ce qui nous unit. Mais il y a un problème fondamental : eux sont des Juifs, et eux aussi- alors comment peuvent-ils vivre ensemble ?"

Le ‘Hazon Ich répondit alors par une parabole, tirée du Talmud de Babylone (traité Sanhédrin), connue depuis comme la parabole de la charrette vide :

"Si deux chameaux se croisent dans un chemin étroit, et que l’un porte une charge et l’autre non, c’est celui qui est vide qui doit céder le passage au chameau chargé. Nous, les Juifs religieux, sommes comme ce chameau chargé : nous portons le poids de nombreuses mitsvot. Ce sont les commandements que nous observons. C’est pourquoi on doit nous laisser le passage."

Ben-Gourion réagit avec véhémence à cette image : "L’implantation en Terre d’Israël n’est-elle pas une mitsva ? N’est-ce pas une lourde responsabilité ? Et la protection de la vie, n’en est-ce pas une aussi ? Et ces jeunes soldats que vos gens refusent de rejoindre : ils sont aux frontières pour vous protéger. N’est-ce pas une mitsva ?"


Le ‘Hazon Ich répondit simplement, citant le Psaume 127 : "Si l’Éternel ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes". C’est par le mérite de l'étude de la Torah qu’ils peuvent garder les frontières et protéger des ennemis.


Le communiqué officiel du gouvernement déclara que la visite avait pour but un échange général de vues sur la coopération entre groupes laïcs et religieux dans l’État.


Mais cette rencontre allait au-delà d’un simple dialogue symbolique. Lors de cet entretien, Ben-Gourion fit un pas significatif vers les milieux ultra-orthodoxes, en acceptant de maintenir une exemption limitée du service militaire pour les étudiants des yéchivot.


En réalité, cette exemption n’était pas nouvelle. Dès février 1948, un accord avait été trouvé pour dispenser certains jeunes haredim de la conscription. Puis, le 9 janvier 1951, Ben-Gourion avait ordonné au chef d’état-major de ne pas enrôler les élèves de yéchivot. La rencontre avec le ‘Hazon Ich ne fut donc pas fondatrice, mais elle renforça et légitima cette décision déjà controversée, en lui conférant une valeur symbolique non négligeable.


Aujourd’hui encore, la métaphore des deux charrettes est largement reprise dans le discours public israélien. Elle alimente le débat sur la répartition équitable des charges civiques, souvent désigné par le terme shivion ba-netel (שוויון בנטל – égalité dans l’effort).


Les milieux laïcs invoquent fréquemment cette image pour dénoncer une inégalité perçue dans les responsabilités sociétales entre religieux et non religieux.


Sources:





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