La Terre d'Israël avant la première Alyah (1882)
- My Old New Land

- 18 avr.
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Dernière mise à jour : 22 oct.
Des décennies avant la proclamation de l’État d’Israël en 1948, le rêve sioniste d’un retour à Sion prenait déjà forme sur le terrain. Bien avant la naissance officielle du pays, les premières pierres d’un foyer national juif étaient posées par des pionniers animés par la foi et la persévérance.
Avant les grandes vagues d’Aliyah – ces migrations juives massives vers la Terre d’Israël – une communauté juive modeste mais profondément enracinée vivait déjà sur la terre de ses ancêtres.
Cette population, connue sous le nom de « Vieux Yishouv » (Hayishouv Hayashan), se concentrait principalement dans les quatre villes saintes du judaïsme : Jérusalem, Safed (Tzfat), Tibériade et Hébron.
À Jaffa, un autre noyau juif s’était formé, constitué d’immigrants venus d’Afrique du Nord, bientôt rejoints par des Ashkénazes d’Europe de l’Est. Ces communautés, encore fragiles mais dynamiques, allaient servir de tremplin à la renaissance nationale.
Dans la vidéo ci-dessous, découvrez de rares images de Jérusalem filmées en 1896 – un témoignage émouvant d’une époque charnière où la Terre sainte commençait à se transformer.
Le Vieux Yishouv se distinguait notamment par la présence des Kolelim ashkénazes – des institutions dédiées à l’étude de la Torah – organisées selon les origines géographiques des fidèles. Ces institutions étaient principalement financées par le système de la Halouka, un réseau de collecte de fonds dans la diaspora, redistribués aux Juifs vivant sur la Terre d’Israël.
Le Yishouv séfarade, qui constituait la majorité du Vieux Yishouv à l’époque, présentait une structure plus variée. La plupart des Séfarades travaillaient pour subvenir à leurs besoins et bénéficiaient d’un soutien économique ciblé pour certaines catégories vulnérables : orphelins, veuves, personnes âgées ou étudiants en yeshiva.
Avec la première Aliyah, de nouveaux immigrants (olim) commencèrent à affluer en Terre d’Israël. Ils furent qualifiés de "Yishouv nouveau" ("Hayishouv Hahadash").
Cette période marqua une transition importante, illustrée par une forte croissance démographique. La population juive passa de 6 000 personnes au début du XIXe siècle à plus de 26 000 en 1880.
Deux transformations majeures eurent lieu à cette époque :
La création de nouveaux quartiers juifs en dehors des murailles de Jérusalem ;
Le développement des premières colonies agricoles, notamment à Petah Tikva et Rosh Pina.
Parallèlement, on assista à d'autres évolutions notables : ouverture d’écoles laïques (comme l’école Lemel à Jérusalem), apparition de journaux hébraïques locaux (Habetzelet, Halevanon), et croissance de la population juive à Jaffa et dans d’autres localités.
En dehors des murailles de Jérusalem : la ville moderne émerge
Le développement de la Jérusalem moderne, surnommé le départ des murs, marque le début d’une nouvelle ère. Jusqu'au milieu du 19ème siècle, la ville se limitait à l’intérieur des murailles ottomanes, devenues trop étroites et insalubres face à une population croissante.
Les premiers à s’installer hors des remparts furent des représentants d’empires européens, construisant églises et monastères pour les pèlerins chrétiens. Rapidement, des familles arabes aisées firent de même, désireuses de quitter l’exiguïté de la vieille ville.
L’implantation juive, elle, fut initiée par des philanthropes souhaitant améliorer les conditions de vie des habitants juifs. L’un des plus célèbres fut Moshe Montefiore (1784-1885), né à Livourne (Italie) et devenu une figure publique influente en Grande-Bretagne. Il utilisa son statut pour soutenir des communautés juives à travers le monde.
En 1860, Montefiore lança la construction du premier quartier juif hors des murs : Mishkenot Sha’ananim. Bien que ce projet ait suscité des réticences, la précarité dans la vieille ville rendait ces initiatives indispensables. D’autres quartiers suivirent : Mahane Israël, Nahalat Shiva, et Meah Shearim.
Certains projets étaient d’initiative privée, d’autres publics. En quelques décennies, la "nouvelle ville" devint le cœur du Yishouv nouveau à Jérusalem.
Colonies agricoles: Rosh Pina et Petah Tikva
En parallèle, des colonies agricoles juives virent le jour. Dans la région de Safed, des figures comme Yisrael Bak, Shmuel Abu, et Eléazar Rokach achetèrent des terres pour fonder une communauté agricole.
Ainsi naquit Rosh Pina en 1878. Dix-sept familles de Safed s’y installèrent avec la volonté de rompre avec la Halouka et de vivre de leur travail. Cependant, les sécheresses et l’échec des cultures entraînèrent rapidement le départ de la plupart des colons.
L’arrivée d’immigrants roumains en 1882, lors de la première Aliyah, permit à Rosh Pina de renaître. Pour en savoir plus sur l’un de ces pionniers, David Shuv, cliquez sur ce lien.
Durant ces mêmes années, une autre colonie agricole vit le jour dans la région du Sharon : Petah Tikva, surnommée la mère des colonies (Em Hamoshavot). Fondée par des membres du Vieux Yishouv de Jérusalem, comme Yehoshua Stampfer, David Gutman, Joel Moses Salomon ou Yehuda Ben Ezer, elle connut elle aussi des débuts difficiles. Abandonnée un temps, elle fut relancée grâce à la première Aliyah.
Vous trouverez ci-dessous quelques photos du vieux Yishuv.






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