L’Aliyah "éelé BeTamar "
- My Old New Land
- 27 juin
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L’Aliyah Éelé BeTamar désigne une vague d’immigration de Juifs du Yémen vers la Terre d’Israël survenue entre 1881 et 1882.
L’année hébraïque de cette aliyah, תרמ"ב (5642), a donné son nom à cette migration (תרמ"ב → בתמר). Ce nom est aussi directement emprunté au verset biblique du Cantique des Cantiques 7:8 : "Je me suis dit : je monterai au palmier / dattier (Tamar)".
Quelques mois avant la Première Aliyah de 1882 et l’arrivée des Biluim, un groupe de Juifs du Yémen, principalement originaires de Sanaa, fit son entrée en Terre d’Israël. On estime qu’environ 200 Juifs yéménites arrivèrent en 1881/1882. À titre de comparaison, le groupe des Biluim ne comptait que quelques dizaines de membres.
Les Juifs du Yémen durent traverser l’Inde, l’Irak et l’Égypte avant d’atteindre leur destination finale, Jérusalem.
Après leur arrivée, ils se heurtèrent à de nombreuses difficultés liées au logement et à leur subsistance. Une partie d’entre eux s’installa au nord de Jaffa, fondant le quartier yéménite connu sous le nom de Kerem Hataymanim. Ils gagnaient souvent leur vie grâce au travail agricole dans les colonies de Judée et du Sharon, ou dans le secteur de la construction.
Lorsqu’un groupe arriva à Jérusalem vêtu de ses habits traditionnels, il se heurta à l’hostilité des habitants. Les Juifs yéménites se distinguaient des Juifs séfarades et ashkénazes déjà établis dans la ville, tant par leur apparence que par leurs traditions, ce qui rendit leur intégration difficile au sein de la communauté juive locale.
La vieille communauté juive de Jérusalem était structurée autour de « Kollelim », des associations destinées à organiser le soutien financier aux résidents juifs de la ville. L’absence d’appartenance des Juifs yéménites aux structures traditionnelles reconnues entraîna le refus de la population du Yishouv de les intégrer aux kollelim existants et de partager avec eux les fonds dont ils disposaient.
On leur interdit même de s’installer à l’intérieur des murailles de la Vieille Ville. Pour situer le contexte, il est utile de repérer sur une carte les premiers quartiers de Jérusalem construits hors des remparts de la Vieille Ville.
Les Juifs yéménites se mirent immédiatement au travail, exerçant divers métiers, de porteurs à bijoutiers, et s’organisèrent en communauté indépendante.
Leur salut vint d’une source inattendue. Le rédacteur du journal « Habazelet", Israël Dov Fromkin, plaida leur cause, relatant dans son journal leur situation précaire, et prit contact avec un bienfaiteur du nom de Boaz ben Yonatan Mizrahi (ou Boaz Hababeli).
Ce même Boaz fit don de la moitié des terres qu’il possédait à Kfar Silwan, sur les pentes du mont des Oliviers, aux Juifs yéménites. Il fit construire des logements pour ces nouveaux habitants dans des bâtiments allongés, semblables à ceux de Mishkenot Sha’ananim (le quartier fondé par Moshe Montefiore).

En hébreu, les nouveaux habitants baptisèrent le lieu Kfar ha-Shiloah.
À son apogée, Kfar ha-Shiloah comptait entre 150 et 200 familles, réparties entre 65 maisons communautaires et 45 à 65 maisons privées. La communauté y disposait de synagogues, mikvés, dispensaires, épiceries, écoles, jardins d’enfants et autres infrastructures. L’économie du village reposait sur l’agriculture, l’élevage, ainsi que sur la taille de pierres et la fabrication de pierres tombales sur le mont des Oliviers.
Les Juifs yéménites vivaient à proximité d’un village arabe toujours existant aujourd’hui. Des témoignages indiquent que les relations de voisinage étaient excellentes à leurs débuts.
Cependant, lors des émeutes de 1929, des Arabes locaux attaquèrent des Juifs venus prier au Kotel, causant la mort de 133 Juifs. Les habitants du village de Shiloah subirent alors des actes de harcèlement, et les routes devinrent dangereuses en raison de la montée des tensions. Le chef du village de Silwan proposa même sa protection aux Juifs yéménites, réfugiés entre-temps dans la Vieille Ville.
Néanmoins, le conflit judéo-arabe grandissant en Terre d’Israël freina le développement du village. La Grande Révolte arabe de 1936-1939 mit définitivement fin à la présence juive à Kfar ha-Shiloah.
Avec le temps, de plus en plus de familles quittèrent le village, jusqu’à ce que ses derniers habitants juifs soient évacués définitivement en août 1938.
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