Ze'ev Jabotinsky
- My Old New Land
- 13 mai
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1880 - 1940.
Ze’ev Jabotinsky fut un dirigeant sioniste, écrivain, orateur, soldat et journaliste. Il a ardemment milité pour la création d’un État juif en Terre d'Israël, une cause à laquelle il a consacré sa vie. Son influence sur l’État d’Israël fut profonde, et son héritage continue d’alimenter les débats politiques actuels.
Né dans une famille juive traditionnelle, il se définissait comme un "sioniste athée" et affirmait que la question juive devait être résolue avant que les Juifs ne soient victimes d’un nouveau massacre en diaspora. Il étudia le droit et parlait couramment le russe, le yiddish, l’hébreu et l’italien. Il fut correspondant pour plusieurs journaux russes, écrivant sous le pseudonyme Altalena.

Dès 1903, avant même les pogroms en Russie, Jabotinsky s’engagea dans la cause sioniste. Il changea alors son prénom Vladimir en Ze’ev (signifiant "loup" en hébreu) et rejoignit des unités d'autodéfense juives. Avec Meir Dizengoff, il collecta des fonds pour acheter des armes destinées à protéger les communautés juives de l’Empire russe.
La même année, il fut élu délégué russe au sixième Congrès sioniste à Bâle, le dernier auquel participa Herzl. Profondément marqué par cette la rencontre d'Herzl, Jabotinsky adopta ses idées, qu’il considéra dès lors comme le fondement de son propre combat, notamment à travers les différents mouvements qu'il dirigera par la suite.
Toujours en 1903, il s'installe à Saint-Pétersbourg, où il devint la figure de proue des sionistes de droite. En tant que journaliste et poète, il dénonçait vigoureusement l’assimilation et plaidait pour la création d’écoles hébraïques. Il fut l’un des premiers écrivains politiques juifs influents en Russie.
En 1914, lors de la Première Guerre mondiale, il fut envoyé comme correspondant de guerre sur plusieurs fronts en Europe et en Afrique du Nord. En Égypte, il rencontra Joseph Trumpeldor, avec qui il fonda la Légion juive au sein de l’armée britannique. Enrôlé en 1918, Jabotinsky participa aux combats dans la vallée du Jourdain. L’année suivante, les trois bataillons furent réunis en une seule unité : les First Judaeans, reconnaissables à leur emblème : la ménorah.
Alors que la Haganah émergeait aussi en Terre d’Israël, Jabotinsky se distingua en 1920 en organisant la défense de Jérusalem lors d’émeutes arabes. Arrêté par les Britanniques, il fut condamné à 15 ans de prison, puis libéré sous la pression de l’opinion publique.
Vous pouvez voir dans cette vidéo YouTube Zeev Jabotinsky dans la prison d'Acre, puis, après sa libération, marchant avec sa mère à Jérusalem en direction de la synagogue Hurva.
En 1921, il fut élu au comité exécutif du 12e Congrès sioniste, où il rejoignit Weizmann et Nahum Sokolov dans la branche politique. Il y milita pour la création d'une force militaire juive, et s'opposa à l’idée d’une force militaire arabo-juive proposée par les britanniques.
Le 3 juin 1922, les Britanniques soumirent le projet du Livre blanc de Churchill à la direction sioniste. Weizmann vota en faveur de son acceptation, tandis que Jabotinsky s’y opposa. Finalement, Jabotinsky signa lui aussi le Livre blanc, qui fut adopté par la direction sioniste, et qui limita le développement du Yishouv.
Toujours en novembre 1922, il se rendit à Londres et présenta ses revendications à la direction sioniste. À la fin de cette année-là, il démissionna du Congrès sioniste.
En 1923, il publia à Berlin l’article "Le mur de fer (Les arabes et nous)".
Dans cet article, Jabotinsky confronte la direction du mouvement sioniste ainsi que les factions modérées qui prônent la création d’un État binational. Dans cet article, il expose sa vision de la politique sioniste, fondée sur deux principes : d’une part, le conflit est inhérent aux relations entre groupes nationaux ; d’autre part, les droits des minorités doivent être protégés.
Selon lui, les Arabes palestiniens vivant dans l’État juif devront bénéficier de droits politiques et culturels complets, bien qu’ils constituent une minorité. Toutefois, Jabotinsky affirme qu’ils n’accepteront pas cette situation sans résistance. C’est pourquoi il propose de les contraindre par la force militaire, soit le "Mur de Fer". Cette force prendrait la forme de régiments juifs intégrés à l’armée britannique, dans le cadre du dispositif colonial au Moyen-Orient, et constituerait une ligne de défense fortifiée, reposant sur une puissance militaire solide et une adhésion intransigeante aux positions sionistes. Une fois convaincus qu’ils ne pourront dominer, les Arabes accepteront leur statut de minorité dotée de droits.
Cet article s’inscrit dans la vision de Jabotinsky selon laquelle la renaissance de l’idéal sioniste ne peut se réaliser qu’en s’appuyant sur l’impérialisme britannique. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des fondements du courant jabotinskien naissant, aussi appellé plus tard le mouvement révisionniste.
En 1923, il fonda le mouvement Betar à Riga (Lettonie), dans le but d’éduquer la jeunesse juive dans un esprit national et militant. Les membres devaient servir pendant deux ans dans les légions de Betar après leur aliyah. Le nom "Betar" est l’acronyme de Brit Yosef Trumpeldor, une alliance nommée en hommage à Joseph Trumpeldor.
En 1925, Jabotinsky fonda l’Alliance sioniste révisionniste, qui prônait la création d’un État juif dans les frontières historiques d’Eretz Israël (la Palestine mandataire et la Transjordanie) ainsi qu’un activisme politique accru. Le sionisme révisionniste a fortement influencé les partis israéliens de droite contemporaine, en particulier le Herout et son successeur, le Likoud. Cette idéologie appelait à une "révision" du "sionisme pratique" incarné par David Ben-Gourion et Haïm Weizmann.
Jabotinsky dirigeait cette Alliance, intégrée à l’Organisation sioniste. Toutefois, il divergeait profondément des dirigeants des partis sionistes socialistes sur des questions de politique étrangère, d’économie sociale et d’élargissement de l’Agence juive. Ces désaccords firent de lui l’un des principaux porte-parole de l’opposition au sein du Congrès sioniste. Dès lors, ses relations avec les mouvements socialistes se dégradèrent fortement.
En 1929, lors du 16e Congrès sioniste, Jabotinsky prononça un discours dans lequel il demanda la création d’un État juif sur les deux rives du Jourdain, l’abrogation du Livre blanc de 1922, ainsi que le soutien actif des Britanniques à la mise en œuvre de la Déclaration Balfour. Il appela également ces derniers à ignorer l’opposition arabe aux aspirations sionistes.
Après les violentes émeutes de 1929, durant lesquelles les autorités britanniques restèrent passives face aux attaques perpétrées par des Arabes, Jabotinsky les exhorta à reconnaître le droit des Juifs à vivre librement sur leur terre ancestrale.
De façon générale, à la fin des années 1920 et au début des années 1930, Jabotinsky était une figure politique majeure du Yishouv et prit part à de nombreuses activités.
En 1932, face au refus du Congrès d’adopter sa définition du sionisme, soit la création d'un État à majorité juive en Eretz Israël, il démissionna et fonda en 1935 la Nouvelle Organisation sioniste, dont il prit la tête depuis Londres.
À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, il alerta sur le danger nazi et encouragea l’immigration illégale vers la Palestine. Il lança une pétition signée par plus de 600 000 Juifs de 24 pays, exigeant l’accueil de tous les réfugiés juifs en Terre d’Israël, sans succès. Il déclara alors : "Si vous n'éliminez pas la diaspora, la diaspora vous éliminera"*. Face à l’inaction britannique et au Livre blanc de 1939, il perdit confiance et se tourna vers la jeunesse juive pour mener la lutte.
Jabotinsky fut un acteur clé de la création de l’Etzel (Ergun Tsvai Leumi, aussi appellé l'Irgun), né d’une scission de la Haganah à Jérusalem. Dès 1936, l’Etzel devint la branche armée du camp révisionniste. Jabotinsky soutenait ses actions contre les Arabes violents et contre les Britanniques.
Nommé en 1937 commandant suprême de l’Etzel, il planifia un soulèvement armé, avorté à cause de la guerre.
Durant celle-ci, il milita au Royaume-Uni et aux États-Unis pour créer une force juive combattant aux côtés des Alliés. Il mourut en 1940 à New York, lors d’un camp d’été de Betar.
Il avait demandé dans son testament que sa dépouille repose en Israël, souhait exaucé en 1964 grâce à Levi Eshkol, qui fit rapatrier son corps au Mont Herzl, à Jérusalem.
Par son engagement indéfectible, sa vision politique et ses actions concrètes, Ze’ev Jabotinsky a posé les fondations idéologiques et stratégiques d’un sionisme combatif qui continue d’influencer Israël jusqu’à aujourd’hui.
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